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Expression Concrète

Expression Concrète

L'actualité librement commentée à contre-courant de la doxa.


Vers une gestion de l’eau efficace et éclairée

Publié par Hubplug sur 6 Octobre 2022, 19:27pm

Catégories : #Environnement

En préambule de notre présentation, il est utile de rappeler que chaque analyse qui se veut scientifique requiert prudence devant les éléments avancés comme incontestables ; que les théories évoluent autant que leurs auteurs au fil de leurs recherche. A l’instar de l’eau qui s’écoule à débits variable, selon son environnement, les conditions météorologiques, les usages.

Au-delà des questions morales et politiques, des regards accusateurs des responsables du moment concourant à la plus massive des solutions coercitives de classe ; nous allons tenter d’expliquer qu’il n’existe aucune solution applicable sur l’ensemble de notre territoire -et a fortiori du globe-, sans qu’on associe aussi la question l’essor démographique et de ses conséquences consuméristes.

La gestion de l’eau s’avère être un sujet crucial placé sous le regard du catastrophisme irréversible et pourtant il existe des solutions simples portées avec simplicité et bon sens.

La question non moins complexe de l’action du soleil sur les planètes, de l’évaporation-restitution en relation avec le C02 demeure un sujet qui divise tout autant que l’action des océans mais la lecture de l’Histoire nous enseigne aussi que les cycles de la planète sont décorrélés des usages de l’Homme. On ne peut les éluder en totalité, tout autant qu’on ne peut déconsidérer l’impact de nos actions.

Nous avons connu un été de sécheresse en annonçant d’autres, la réponse soulevée serait de mieux utiliser les ressources disponibles et de rappeler que ce qui est visible ne reflète ce qui est invisible.

En France, l’usage de l’eau provenant des de l’eau des nappes et rivières revient pour 7% aux particuliers, à 24% industrie et 69% agriculture.

Dans l’écosystème global, l’eau poursuit un cycle fermé sous diverses formes. Il n’a ni commencement ni fin comme l’illustre ce schéma ci-après. Ce sujet est concomitant à celui la gestion des réseaux des espaces urbanisés en stations de retraitement dont le cycle fermé est plus court.

Notre pays recense 34000 forages puisés dans des aquifères (le contenant) des nappes dites « libres, captives, semi-captives ou libres ». Parmi ces dernières, les plus visibles sont les « alluviales » (représentant un petit tiers des affleurent par les cours d’eau, lacs et étangs subissant de plein fouet le principe d’évaporation l’été donnant l’impression de surface d’assèchement total, or rien n’est moins vrai si l’on songe aux ressources subsahariennes...

Le principe de l’occupation des sols par une végétation active et dynamique (principe d’hydrologie régénérative) le plus longtemps possible dans l’année est donc primordial pour augmenter le potentiel de réserve utile d’un sol (sa capacité à faire éponge), afin qu’il soit capable de retenir l’eau (en période de sécheresse comme en période de fortes précipitations), et limiter la perte des éléments de fertilité et donc la destruction des sols.

Il convient de rappeler que près d’un tiers de l’ensemble des forages en France dépendent des nappes alluviales très inégalement réparties sur le territoire. A l’échelle du globe, l’eau que nous observons en surface des rivières, lacs et étangs représentent 0,0002% du volume total d’eau disponible composé à 96,5% d’eau salée, soit 0,006% du volume d’eau douce (source : Gleick P.H 1996 Water Ressources).

En période basse (étiage) et selon la nature des sols ou encore des nappes en superposition, les forages peuvent être éprouvés au point de ne plus produire. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus d’eau à capter mais que l’absence de précipitations induit un délai de recharge (remplissage) très variable dépendant principalement de la perméabilité des sols. 

Le principe de perméabilité (loi de Darcy) illustré de la manière suivante la définit : l’eau passe au travers des pores plus ou moins grosses voire infimes d’une passoire renversée, permettant de traverser un l’aquifère de taille variable, indépendant, élargi ou en superposition d’un autre. Cela induit un délai qui peut être plusieurs mois jusqu’à ce que ce cycle du ruissellement (par les pluies) parvienne à le recharger en totalité, ou à le saturer.

La capacité des nappes à être remplies dépendent donc en majeure partie de la variabilité naturelle des terres selon sa porosité (entre argiles, limons, sables), des cultures, des racines, de la géologie, de la topographie puis par l’action moderne par l’artificialisation des surfaces, des coupes rases, de l’appauvrissement des sols par les usages d’engrais…. Et aussi à la captation des eaux par stockage intermédiaire de réserves, piscines, bassins d’orage à évaporation directe, de la multiplication des usages privés comme agricoles qui accentuent les phénomènes d’érosion et d’hydromorphisme.

Comprendre que certains sont si importants en volumes disponibles qu’il faudrait plusieurs années pour les vider bien que très lentes à recharger, et vice-versa. Il n’y a pas de règle.  L’hiver, les nappes peuvent être inversement saturées, l’aquifère n’est pas assez grand, on observe alors à leurs débordements en plaine par les rivières et alluvions. L’été, les orages consécutifs aux fortes périodes de chaleur provoquent d’immenses débits d’eau en aval des reliefs sans pour autant recharger les forages des sols fissurés (ex. sols granitiques) ou la pénétration est très lente amenant son lot d’inondations en aval du bassin versant.

Enfin lorsqu’il ne pleut pas, la nappe ne peut se recharger !

En d’autres termes, le fait d’une sécheresse influe sur le temps de recharge d’une nappe dans laquelle se situe un ou plusieurs forages, eux-mêmes pouvant dépendre de nappes différentes et distribués sur des réseaux distincts !

Selon le Centre d’Information sur l’Eau, les besoins en eau douce de la France sont estimés à 32 milliards de m3/an, seuls 17 % des ressources disponibles sont utilisées pour les activités humaine (https://www.cieau.com/connaitre-leau/).

Aussi, regarder la question des cycles de l’eau en se focalisant sur les usages particuliers en occultant totalement son exploitation relève d’observations pour le moins incomplètes. Or, chaque année ce sont 400 forages qui sont abandonnés pour des raisons évidentes de difficultés de gestion.

En France les acteurs publics de l’eau ne manquent pas, voire s’entremêlent. Les actions concrètes relèvent principalement de l’observation, du contrôle et de l’information. On peut référencer ainsi :

On retrouve également des acteurs qui réunit des opérateurs publics (régies et SPL) France Eau Publique FEP http://france-eaupublique.fr/  intégrée à la FNCCR https://www.fnccr.asso.fr/

Nous pouvons compter sur 13339 syndicats pour l’eau potable (https://www.eaufrance.fr/les-services-publics-deau-et-dassainissement).

Les services de contrôles (piézomètres ou forages) relevés en temps direct demeurent performants, suffisamment pour gérer les ressources en période, pour n’en citer que deux :

  • Ades (le portail national d’accès aux données souterraines, réservée aux professionnels) https://ades.eaufrance.fr
  • Infonappe (application d’accès libre sur les niveaux d'eau dans les nappes)

 

Tous ces acteurs dépendent de directions différentes et bien souvent aux intérêts divergents, de secteurs géographiques dépendant parfois de bassins (l’eau ne les limite pas aux limites d’un département) avec chacun ses prérogatives spécifiques.

La complexité du droit et de la multiplication d’acteurs locaux ajoute la confusion à la gestion d’ensemble par voie d’arrêtés préfectoraux, par conséquent globalisant et parfois déconnecté des bassins en question…

La gestion de l’eau dans son ensemble est analogique à sa complexité d’écoulement mais elle est conséquente ! Faudrait-il y voire une métaphore de notre service public qui inquiète en s’asséchant ?

Le distributeur en régie ou société par DSP aura la charge de répondre aux exigences en vigueur (loi du 11/03/2003 arrêté forage, de l’Art L214.1 à 16 de l’environnement, normes NF X 10-999 de l’AFNOR) et d’assurer la production jusqu’à l’utilisateur final qui verra sa redevance varier de 1 à 4.

Nous l’avons dit plus haut, il ne peut être envisagé de parler du cycle de l’eau sans aborder la question de sa distribution et observé que le contrôle bien qu’opératif repose sur un mille-feuille d’acteurs-décideurs. Il n’en demeure que la question de l’eau est affaire de tuyaux et d’ingénierie, d’individus sur le terrain.

Sans pouvoir avancer de chiffres précis et vérifiables, l’entretien des réseaux dans leur ensemble est soumis aux lois physiques (vieillissements de réseaux, pertes de performances, fuites) et repose sur des compétences solides. Des contraintes structurelles alourdissent également la gestion. D’une part, le passage depuis 2014 à la concurrence tous les 5 ans a renforcé les difficultés de reprise par délaissement volontaire où les transmissions sont souvent difficiles voire inexistantes. D’autre part les compétences de terrains ne cessant d’être dévaluées, les procédures de plus en plus contraignantes, les coûts rapportés des services supports des régies ou sociétés soumis logiquement à la rigueur des budgets induisent de faire des choix. La question de l’entretien préventif est souvent dépassée par l’urgence de réparer…

Enfin, le sujet de l’entretien de « l’invisible » ne satisfait que peu d’édiles : nuisance des travaux et adhésion difficile de la population au caractère préventif, des incertitudes d’implantations des réseaux, de la pertinence de certains plans, de la méconnaissance du sujet des décideurs, des complexités techniques d’entretien des ouvrages, difficultés de recrutement et de formation des personnels sont autant de freins aux engagements. Reporter sine die est parfois la moins mauvaise des solutions.

Bien que l’eau retourne dans le sol par un chemin différent, à l’instar de toutes les modifications citées plus haut ; il subsistera toujours des perturbations et pertes d’exploitations bien plus élevées in fine impactant les budgets des communes comme les ménages.

Nous ébaucherons quelques solutions pour y remédier :

  1.  
  2. Du point de vue de l’utilisateur public/entreprise : effectuer des diagnostics d’installations, hydro-réglages, redéfinition des besoins, réemplois sobres en technologie
  3. Du point de vue des particuliers : appel à responsabilité individuelle aux périodes critiques selon les secteurs impactés en amont des sécheresses (informations locales), maintient des principes de libertés, prix unique de l’eau
  4. Du point de vue des défenseurs du climat : travailler en conscience concrète plutôt qu’en contradiction directe
  5. Du point de vue de la gestion de sols : favoriser la réserve utile (RU) en eau en augmentant la matière organique (humus, paillis...), maximisation du sol par végétaux et prairies. Chaque augmentation de 1% de matière organique dans les premiers 15 cm du sol augmente sa capacité de rétention d’eau de 150-200 m3/ ha (source calculs USDA), avec double effet très positif sur la séquestration du C02 au lieu de le libérer dans l’atmosphère.
  6. Du point de vue des bassins « ouverts » : réflexion autour de leur multiplication, utilité des bassins d’orages évaporés en cas de besoin, dévoiement des ruissellements induisant perte d’efficacité des points de captage 
  7. Du point de vue des usages en période d’étiage : gestion des réserves disponibles à l’avance des périodes critiques et limitations locales des acteurs principaux
  8. Du point de vue agro-industriel : favorisation de cultures actives et dynamiques des sols, mycorhization des cultures. Réflexion des modes de chauffages relatifs au bois
  9. Du point de vue des décideurs : réflexion sur modèle Québécois d’une seule agence -supra-, conseil aux MOA par des agents indépendants dans leur décisions, collecte unique
  10. Du point de vue de la distribution : recherches de fuite accrues, simplifications administratives inter zones, amélioration des échanges entre les acteurs y compris en reprise
  11. Du point de vue de la formation : redorer l’intérêts de métiers de l’eau, puisatiers, soudeurs, tuyauteurs, mainteneurs

Par conséquent, au regard des ressources disponibles, du cycle de l’eau dans sa globalité, il convient de raison garder et opter pour une vision lucide de l’usage des ressources, d’un meilleur rendement des forages et réseaux avant de céder aux injonctions coercitives de classes qui ne feraient que renforcer l’inégalité des populations dépendant directement de leur environnement hétéroclite.

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